Butte

La Butte aujourd’hui          

Cadastre Napoléonnien

Plan de situation cadastre napoléonien

La « Butte de Gourmalon », aujourd’hui, est située route du Lohon au niveau du numéro 33.

Elle est visible de la route, comme le montre la photo ci contre. Des broussailles sur le chemin qui la contourne ne permettent pas d’y accéder. La Butte était déjà présente dans le cadastre Napoléonien. Cependant l’histoire et la légende qui s’y rattachent nous permettent d’évoquer un passé riche et lointain.

 

A 1500 m du bourg et à 1 km au Nord de la route, sur la Lande des Mille Fossés. C’est une motte d’environ 6 m de hauteur et d’un diamètre d’environ 32 m à sa base. Elle est entourée d’une douve et précédée vers l’Est d’un baile ou cour demi circulaire. Elle a servi d’assiette à un château antérieur au XIIème siècle ; certains auteurs y voient le soubassement de la forteresse construite au Xème siècle par le Comte Gurmailhon de Cornouailles ; d’autres en font un oppidum romain ou même un tumulus organisé plus tard pour la défense.

D’après la légende le château s’écroula en punition des crimes de son possesseur. Seule, une servante fut sauvée par un oiseau qui la dissuada d’y entrer quelques instants avant la catastrophe en la prévenant du danger. On prétend que la butte renferme un trésor et qu’on y entendait autrefois dans certaines nuits une horloge sonner les douze coups de minuit.

Une autre légende raconte qu’un homme, qui avait entrepris d’y faire des fouilles, en fût empêché par un bouc horrible qui se dressa devant lui.

Paul Banéat – « Le Département d’Ille et Vilaine » Histoire-Archéologie-Monuments »1928

 Butte de Gourmalon

A quelque distance du bourg se trouve la Lande des Milles Fossés, des vestiges d’anciennes fortifications signalées déjà par Ogée en 1778. La partie principale de ces travaux militaires, dont l’origine reste inconnue, est une motte d’environ 25 m de diamètre entourée de douves profondes et précédées d’une barbacane. On la nomme dans le pays « Butte du Gourmalon ou de Gros Malon. D’anciens actes la désignent sous le nom de tombeau de Gurmhailon. Doit-on y rattacher le souvenir traditionnel de cet illustre chef breton qui, au commencement du Xème siècle, fût revêtu du titre de pentyern ou roi Suprême de Bretagne, après la mort d’Alain Le Grand, pendant la lutte contre les invasions normandes ?

Abbé Guillotin de Corson – Guichen et ses environs – 1886

 

La volonté de nos prédécesseurs de préserver le site se retrouve dans le recueil des Délibérations du Conseil Municipal de l’année 1875 :

Le 11 juillet 1875, il fût question de vendre le terrain sur lequel est situé cette « butte ». Le Maire et 8 conseillers s’y opposèrent : « ces vestiges est-il dit dans la délibération étant les ruines d’un château et une antiquité intéressante pour la commune. »

sigantures registre

La légende de Gourmalon, racontée par l’Abbé Guillotin de Corson dans son livre de 1870 « Récits historiques, traditions et légendes de Haute Bretagne ».

« Voici une légende que m’a racontée  une vieille femme que je questionnais sur le Gourmalon : Il y a bien longtemps, bien longtemps me dit-elle, un grand et beau château s’élevait en cet endroit alors fertile et peuplé, mais devenu aride et désert depuis que Dieu l’a maudit. Le Maître de cette demeure était un seigneur riche et puissant ; malheureusement, il usait mal de ses richesses et de sa puissance. Parmi les nombreux domestiques qui le servaient était une jeune fille vivant bien ignorée, mais vivant aussi bien purement. Longtemps elle arrêta par ses prières le bras de la justice céleste mais les crimes du malheureux seigneur devinrent bientôt si nombreux que la pieuse fille finit par désespérer de le pouvoir convertir. Un jour qu’elle était à l’église de Goven entendant la messe, elle vit son Maître entrer comme un furieux et menacer le prêtre célébrant à l’autel. Epouvantée à cet horrible spectacle la jeune servante qui avait reçu ce jour-là la sainte communion sortit de l’église en pleurant à chaudes larmes.

Lorsqu’ elle fut proche du château, que venait aussi de regagner son coupable maître, l’enfant aperçut près d’elle un petit oiseau qui chantait merveilleusement. Elle prit plaisir à l’écouter car elle avait grand besoin de distraction et l’oiseau chantait si bien ! Quand elle fût arrivée à la porte du manoir, elle vit l’oiseau voltiger devant elle, cherchant en quelque sorte à l’empêcher d’entrer, en vain voulut elle le chasser, le petit oiseau se percha sur la porte entrouverte et continua sa mélodieuse chanson. Alors il sembla à la jeune fille que c’était la un avertissement du Ciel, car l’oiseau paraissait lui dire dans son charmant langage : enfant n’entre pas dans cette maison maudite ! Elle s’éloigna donc du château et aussitôt l’oiseau la suivit en chantant. A peine fût-elle à quelque distance des cours du manoir qu’un grand bruit se fit entendre derrière elle ; elle se retourna vivement et aperçut hélas le château qui s’écroulait ensevelissant sous ses décombres le maître impie qui l’habitait.

Voilà plus de cinquante ans, ajoutait ma vieille conteuse, mon père qui était bien pauvre entendant dire que de grands trésors étaient enfuis au Gourmalon y alla fouiller une nuit dans l’espoir de trouver un peu d’or pour élever sa famille ; mais qu’elle ne fut pas son étonnement de voir apparaître au premier coup de pioche un vilain bouc armé de grandes cornes ! c’était l’image du méchant maître du lieu. Mon père épouvanté prit aussitôt la fuite.

C’est ainsi que la tradition populaire peint naïvement, mais avec vérité, les souvenirs bons et mauvais qu’ont laissés certains habitants du pays dont les noms restent inconnus. Elle montre près des uns un ange gardien sous la forme gracieuse d’un petit oiseau qui chante toujours pour avertir ceux qu’il aime et elle fait voir que les autres trouvent la punition de leurs crimes tôt ou tard et demeurent après leur mort en compagnie des démons qu’ils n’ont que trop bien servis pendant leur vie »

 

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